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Faisons le point   FRANCOPOLIS : Dossiers pédagogiques - 1er février 2007 : Interdiction de fumer dans les lieux publics

On n’a jamais vu autant de mégots dans les rues et dans les entrées ou façades d’entreprises. Les fumeurs se sont finalement pliés avec beaucoup de grâce et de souplesse à la nouvelle législation et certains parlent même de pause plutôt agréable entre membres d’une même tribu. ..

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Le 1er février 2007 entrait en vigueur le décret prévoyant l'interdiction de fumer dans les entreprises, les écoles et les hôpitaux. Une mesure qui laissait prévoir une véritable révolution culturelle dans le monde du travail, tant l'habitude de la cigarette y était tenace. Trois mois après sa mise en application, l'on voit d'ores et déjà se former de petites tribus de fumeurs, massées sur les perrons, reléguées au bas des immeubles. Sont-elles en passe de devenir un clan au ban de la société ?

Après trois mois d'observation, pourtant, le bilan s'avère assez positif. "Ce qui se passe aujourd'hui est vraiment dans le droit fil de ce qu'on attendait", note ainsi Joseph Osman, directeur de l'Office Français de prévention du Tabagisme (OFT), satisfait de constater qu'en outre, "ça se passe globalement sans heurt". 

En témoignent les chiffres. Peu d'infractions ont été constatées par l'Inspection du travail, qui, du 1er février au 15 mars 2007, n'a dressé que trente-quatre procès-verbaux à ce niveau. Une tendance à la discipline que confirment les déclarations des salariés : ils seraient désormais 80 % à travailler dans un lieu entièrement non-fumeur, soit deux fois plus qu'en janvier. La proportion atteint même 84 % dans les hôpitaux et 91 % dans les écoles.

Coup porté au tabagisme passif, l'application de ce décret devrait également permettre de faire diminuer le nombre de fumeurs, ainsi que la consommation de tabac. Et en effet, alors que la vente de cigarettes affiche une légère baisse (- 1,5 % en mars), celle des patchs et autres substituts nicotiniques observée au premier trimestre 2007 a véritablement explosé : 60,5 % d'augmentation en un an. Corollaire de cette tendance, les consultations de tabacologie connaissent une hausse de 25,8 % pour la même période.

Une bonne nouvelle pour les entreprises. Car un salarié fumeur coûterait, par an, 2 500 à 3 000 euros de plus qu'un non-fumeur. Entre autres raisons : l'absentéisme (deux journées de plus par an, en moyenne), mais aussi le temps perdu lors des pauses cigarette, la nécessité de rafraîchir la peinture des murs plus souvent qu'à l'ordinaire, le coût des assurances incendies, parfois plus élevé...

Que devient alors le fumeur invétéré ? Si le décret autorise l'aménagement d'un fumoir au sein de l'entreprise, seuls 7 % des fumeurs déclarent disposer d'un tel endroit. En effet, les normes exigées (dispositif d'extraction de l'air par ventilation mécanique, fermetures automatiques de la salle, absence de prestations, telles que les repas, dans le fumoir) semblent avoir, pour l'heure, dissuadé les employeurs.

Ne reste plus alors, pour l'amateur de tabac, qu'à s'accorder une pause cigarette sur le trottoir... quel que soit le nombre d'étages qui le séparent du rez-de-chaussée. Une situation parfois problématique, particulièrement dans les grandes entreprises. Chassés des couloirs, bureaux et autres salles de réunion, les fumeurs n'ont d'autres choix que de battre le goudron, au bas des tours.

Cet état de fait pose plusieurs questions : un accident survenant à l'extérieur, lors d'une pause cigarette, sera-t-il considéré comme un accident du travail ? L'absence d'un salarié parti fumer peut-il s'apparenter à un abandon de poste ?

Dans la pratique, la question de la réglementation du temps de pause octroyé aux fumeurs est laissée à l'appréciation de l'employeur. Et une certaine tolérance subsiste, en cette période d'adaptation à la loi. Mais la pause cigarette a un coût : un salarié fumant dix cigarettes par jour aurait ainsi besoin d'1 h 40 de pause. D'où de possibles crispations à l'avenir, pour l'employeur comme pour le fumeur.

Le 1erjanvier 2008 devrait voir le coup d'envoi du deuxième volet de cette mesure : les cafés, hôtels, restaurants et discothèques, actuellement en sursis, devraient alors être soumis aux mêmes contraintes. Une nouvelle phase qui pourrait s'avérer plus difficile à mettre en ¿uvre dans ces lieux de convivialité, où la consommation de tabac est la plus forte.




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[Éditorial]


Dernière mise à jour:

07-11-2007, 07:28