Un centenaire qui ne manque pas d’air !

Si tout le monde connaît le personnage tout en rondeurs, emblème de l’entreprise Michelin, qui vient de fêter son centième anniversaire, on ne peut en dire autant de ses origines. C’est Edouard Michelin, le plus jeune des deux frères à la tête de la fabrique de pneumatiques qui, voyant une pile de pneus à l’entrée de leur stand lors de l’exposition coloniale de Lyon, en 1894 eut l’idée d’y ajouter des bras et des jambes pour en faire un bonhomme.

Quant à son nom, rares sont ceux qui en connaissent la genèse. Il vient des cartons d’un jeune dessinateur répondant au pseudonyme de O’Galop qui présenta ses croquis à André Michelin. Celui-ci eut le regard attiré par une affiche publicitaire qu’une brasserie munichoise avait refusée. On pouvait y observer un Gambrinus, roi de la bière, levant un bock en s’exclamant « Nunc est bibendum » (c’est le moment de boire), formule tirée d’une ode d’Horace. André décide de compléter la formule par : « Le pneu Michelin boit l’obstacle » ! Il ne restera plus qu’à remplacer le Gambrinus par le personnage de pneus, Bibendum était né. Au Bock de bière fut substitué une coupe pleine de clous et de tessons de bouteilles avec, à ses côtés, deux tristes convives représentant John Boyd Dunlop (à gauche) et le patron de la firme Continental.

Les premières affiches imprimées en avril 1898, sont le point de départ d’une carrière à succès. Tant et si bien que « Bib » - son petit nom parmi les employés de l’entreprise de Clermont-Ferrand – devient même plus célèbre que la marque qu’il est censé représenter. Dans de nombreux pays on emploie le nom de Bibendum sans savoir qu’il représente les pneus Michelin. Tout comme le nom de « Frigidaire » souvent utilisé pour désigner les réfrigérateurs, le nom de Bibendum menaçait de devenir un terme générique pour le mot pneu. Pour remédier à cela, le nouveau logo de la marque représente Bibendum à côté de l’inscription Michelin.

Si notre sympathique ami a survécu à un siècle riche en bouleversements, c’est parce qu’il a su évoluer avec son époque. En effet, à l’ère de l’aérobic, des régimes amincissants et du culte du corps, il a suivi un régime draconien lui faisant perdre jusqu’à sept pneus de tour de taille. Ce n’est pas tout, soucieux du bien être de son entourage il a arrêté de fumer le cigare et, comble de la coquetterie, a remplacé ses binocles par des lentilles de contact.

Xavier Bihan